Où est passé mon réservoir de force ? D'espoir ? De courage ?
Impossible de le retrouver. Comme si j'avais perdu le chargeur de je ne sais quel appareil.
Avant ça durait une journée ou deux, et puis ça passait.
Là ça fait plus d'un mois.

J'ai perdu quatre kilos. Entre août et septembre.
Mais ça se voit pas, j'ai de la réserve.
De toutes façons ce n'est pas vraiment ça qui m'importe en ce moment.
Je ne suis pas de ces filles qui passent leur temps à mesurer leur tour de taille, à se peser chaque matin et chaque soir.
Tout ça m'est bien égal.

Ce matin, après avoir petit-déjeuné, j'ai été terassée par cette horrible et déchirante douleur mensuelle.
Mais cette fois elle était pire que d'habitude.
J'ai vacillé, je me suis mordu les lèvres tant la douleur était féroce, je me suis allongée, avec cette envie de vomir encore plus forte que celle qui est omniprésente depuis trois mois.
J'ai pris ma douche.
En hurlant tout bas.
Je me suis allongée à nouveau.
Et puis tout m'a fait mal.
Tout ce que je regardais m'était douloureux.
La photo de Christine en train d'embrasser Camille sur le front parce que j'aurais voulu avoir quelqu'un qui prendrait soin de moi, la photo du panneau de la rue Daru parce que cela fait trop longtemps que je n'ai pas vu Sylvaine, la boîte à musique parce qu'elle me donne mal au coeur quand je l'écoute, le réveil parce que la lumière bleue est trop forte et le temps ne passe pas assez vite, le tableau accroché au dessus de ma cheminée avec ce I love you écrit dessus en plus des deux poupées parce que c'est LUI qui l'a fait et qu'IL me dégoûte, qu'IL me fait trop de mal.
IL l'a fait du temps où il me donnait encore des petits noms gentils.

Et là tout se déchire.
J'ai le mal de mère, le mal de père.
Je déteste par dessus tout LEUR odeur et pourtant elle est présente dans toute la maison. Sauf dans ma chambre, heureusement. Mais LEURS mains haineuses ont tout touché, ILS ont violé ma chambre, je ne peux l'oublier. Je repense à ces monstrueuses photos. Bah oui t'apprends la vie...
Mais j'veux pas que ce soit ça ma vie.

Je sais pas comment continuer à vivre.
C'est où le mode d'emploi ? Où les réserves d'urgence ?
Je n'ai bientôt plus rien, je ne sais plus comment faire pour continuer
Je ne trouve pas de solutions. Y-en-a-t-il une d'ailleurs ?
Il faut que je change d'air, mais ce n'est pas le moment.
Je ne peux pas aller habiter ailleurs et de toutes façons pour aller où ?
Et puis ILS ne me laisseraient jamais partir.

Je suis découragée.
Je n'ai plus envie de rien faire.
Je n'en peux plus d'attendre.

J'étouffe ici, j'ai tout le temps envie de pleurer, envie de vomir.
Je ne peux pas continuer comme ça.
JE NE PEUX PAS.

Je vais péter les plombs.

Je ne supporte plus, je ne peux plus.

Comment vais-je réussir à arriver jusqu'à demain ?

Aidez-moi, je ne sais plus quoi faire.