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Calimero
--> Ô moi ! pauvre personne qui souffre...

Ma soeur a des crises d'angoisse de temps en temps.
Et je suis presque sûre de connaître ce qu'elle ressent à ces moments là.
Sauf que moi, ces crises d'angoisse, je les ai toujours étouffées.
Plus ça va, plus je me rends compte que je m'habitue à la douleur. Et je ne parle pas forcément de celle que je ressens en ce moment. Mais de toutes les douleurs confondues. De l'inconfort au propre comme au figuré.
Je les étouffe donc ces crises d'angoisse.
Mais elles me pèsent.
Sur la tête, sur les épaules, sur la nuque, elles crispent mon corps, j'ai une soudaine et prenante envie d'hurler. Et même si c'est au beau milieu de la classe, de la cour, de la rue, du restaurant, ...
Mais je me retiens.
Et pourtant cette envie de crier me tenaille. Crier ma douleur. Mon malaise. Craquer. Cela ne finira pas comme ça. D'ailleurs après le cri aucune solution n'est envisageable.
Qu'est-ce qu'il se passe après ?
Tu te calmes. Jusqu'au prochain cri.
Je sais que les gens qui ne maîtrisent pas ces envies de crier, on les enferme dans un asile.
On dit qu'ils sont fous mais ils sont juste malheureux.
On les empêche de se suicider alors qu'ils y voient là l'unique solution, la délivrance, on les bourre de médicaments pour leur vriller les neurones et les empêcher de penser, de se rappeler qu'ils souffrent. On fait ça pour plus qu'ils nous embêtent. Pour avoir la conscience tranquille.
Je sais très bien que je pourrais devenir comme ça. Je suis intriguée, passionée par ce qu'on appelle la folie, cette manifestation de la souffrance. Je le suis déjà d'ailleurs. C'est juste que mes épaules sont encore trop solides, qu'elles n'ont pas encore craqué sous le poids de la douleur.
Alors je vis pour moi, j'essaye de me faire le plus de bien possible car je me rends bien compte que chacun est égoïste, qu'on aime ou qu'on aime pas.
Je pense qu'au final, personne ne se préoccupe vraiment de mon état.
Leurs mots sont surtout là pour leur donner bonne conscience.
Ils se disent "Moi au moins on ne pourra pas m'accuser de non-assistance à personne en danger".
Mais si vraiment l'une de toutes ces personnes qui m'entourent s'était inquiétée de ce que je veux vraiment, de ce qui me fait vraiment mal, si l'un d'entre eux avait vraiment pris le temps de m'écouter et avait vraiment voulu m'aider, je n'en serais pas là.
À me demander si le temps qui me sépare du moment où je vais craquer est une question de mois, de semaines, de jours, d'heures ou de minutes.
Mais ce n'est pas si grave après tout.
Moi ça me fait plaisir de les aimer.
De partager des choses avec eux.
De croire qu'ils m'aiment aussi.
J'ai l'impression d'être une de ces vieilles hypocondriaques qui restent toute leur vie dans leur lit à dire qu'elles ne se sentent pas bien et que personne ne les aime.
Mais parfois ça fait du bien.
De se plaindre.


Ecrit par mailliw, le Vendredi 29 Septembre 2006, 19:42 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

ulysseTi
ulysseTi
29-09-06 à 21:11

Moi je suis là, à tes côtés, même si c'est entre deux escales et donc jamais autant que je le souhaiterais, mais tu sais que je ne t'abandonnerai jamais.
Ton texte est magnifique, même s'il est très douloureux.
Tu as toujours su exprimer tes ressentis et tes pensées les plus profondes, et tes mots m'ont toujours charmé.
Je ne suis pas tout à fait d'accord sur un point : on n'enferme pas tous les gens qui crient, sinon il n'y aurait plus de places dans les HP... Cela me rappelle un film que j'ai vu dans ma jeunesse, où le personnage principal se rend dans le désert à un moment et où il crie pendant plusieurs minutes : il sort tout ce qu'il a en lui ; c'est étonnant et très fort cette scène. Cela donne envie de faire comme lui d'ailleurs.
Car crier soulage, et en fait on est différent après : il ne faut pas croire que crier ne sert à rien. Et on n'est pas forcément plus calme ensuite, on peut même être empli d'une énergie nouvelle, d'une force qui vient de l'intérieur et qui se révèle grâce aux barrières que l'on a fait sauter.
Moi j'ai connu personnellement quelqu'un qui a été enfermé dans un endroit sordide (...) ; je l'avais entendue crier auparavant, ses cris sont ancrés en moi, mais ce n'était pas des cris de quelqu'un qui craque, d'où l'enfermement : crois-moi, si tu cries toi tu n'iras pas là-bas... Toi tu as mal et tu as le droit d'exprimer ta souffrance. A toi de trouver ton moyen d'expression. Ici je trouve que c'est très bien déjà, car nous on est là, on te lit, on t'écrit, on est avec toi.
En ce qui me concerne, je suis de ceux qui expriment leur colère ou leur souffrance autrement que par les cris, avec des mots par exemple, ou l'hyper activité, ou encore l'évasion (normal, je suis un voyageur !).

Dernière chose : ce film dont tu as mis l'affiche est magnifique, je me souviens avoir pleuré à chaudes larmes en le voyant. Cette douleur palpable tout au long du film est très poignante, mais au final, le positif parvient tout de même à sortir de ces souffrances : cela me plaît beaucoup cette vision des choses :)

Courage à toi brave Calimero, ce doux poussin à peine protégé par sa coquille trop grande ;)
Tu y arriveras, j'ai confiance en toi.
Par rapport à ceux qui ne sont pas assez présents, moi je te répète ma fidélité via nos écrans, et reprenant Victor Hugo je n'hésite pas à dire (en toute modestie bien sûr !!) "Et s'il n'en reste qu'un, je serai celui-là  !"
:D