J'aime pas les jours fériés
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Mais celui-là finalement je l'aimerais presque.
Je déteste les jours fériés autant que les dimanches.
Y'a ce même truc bizarre dans ma gorge.
Un truc sec qui ne s'en va pas avant le lendemain matin.
Mais aujourd'hui je l'accepte ce truc sec.
Bon c'est pas non plus un bonheur de l'avoir, mais je fais avec.
Cette nuit j'ai rêvé du garçon dont j'étais folle amoureuse en CM2, en sixième et en cinquième.
Il était devant le lycée.
Il était onze heures.
J'avais pleuré pendant tout le cours d'espagnol.
Nadège m'avait dit de venir chez elle au moins une heure pour me changer les idées.
Laura m'avait dit qu'elle m'attendrait vers midi 10 pour aller manger une part de fondant au chocolat.
J'avais dit oui aux deux.
Et puis je tombais sur François à la sortie du lycée.
Je lui sautais dans les bras, on riait, on était tous les deux les mêmes qu'avant mais en différent.
Il me disait qu'il avait un homme.
Je lui disais que j'avais une femme.
Et en deux secondes de rêve, on devenait plus proche qu'on ne l'avait jamais été pendant toutes ces années de réalité.
Je me disais que s'il m'avait tant attendrie quand j'étais plus petite, c'était sûrement parce que j'avais perçu inconsciemment sa différence.
Et je me disais aussi que si je l'avais aussi peu intéressé à l'époque, c'était sûrement parce qu'il avait perçu inconsciemment ou pas sa différence et la mienne et que dans sa tête ça ne collait pas.
Mais j'envoie balader le brouillard et les nuées d'un geste de la main.
Ce n'était qu'un rêve.
Qu'est devenu François en vérité ?
Peu importe.
Et je souris en me revoyant.
D'ailleurs je ne revois qu'un gros coeur énorme et deux petites jambes qui courrent qui courrent à travers la cour de récréation.
J'ai toujours ce truc sec au fond de la gorge.
Même si je bois de l'eau ça ne s'en va pas.
Mais aujourd'hui je serais presque en paix avec moi-même.
Est-ce parce que la nuit n'était jusqu'alors pas encore tombée ?
Est-ce parce que le plat chaud de ce midi était fait de poulet et pas de veau ?
Ne riez pas, c'est une supposition comme une autre.
Le veau ça me dégoûte un peu, pas que ce soit mauvais, non non, mais parce qu'autour c'est gluant. Et surtout parce qu'il y a des os à moelle.
Satanés os à moelle.
La première fois que j'en ai mangé j'ai trouvé ça délicieux.
Et puis une nuit j'en ai cauchemardé.
Et depuis, rien que d'y penser ça me donne la nausée.
Beuuuh.
Enfin tous ces gros plats, ces trucs trop chauds, trop cuits, trop lourds, ça m'évoque le dimanche et les jours fériés et ce truc sec au fond de la gorge.
L'histoire de l'os à moelle me fait aussi penser à ce trop plein de gentillesse qu'ont parfois certaines personnes.
Tu dis une fois que tu adores le gâteau à l'orange.
Et durant le reste de ta vie, tu es condamnée à manger, à bouffer, à ingurgiter des tonnes et des tonnes de gâteau à l'orange.
Au début t'es super contente, MIAM, DU GÂTEAU À L'ORANGE QUE POUR MOI.
Et puis au bout de quelques années, le gâteau à l'orange, tu n'as qu'une envie : le jeter dans les toilettes et tirer la chasse à jamais, effaçant tous les autres gâteaux à l'orange à venir.
Tu voudrais que cette recette ne passe plus dans aucune main.
Tu voudrais brûler la page "La recette du délicieux gâteau à l'orange" de tous les livres de pâtisserie.
Et puis un jour ton père se fâche (certainement pour toujours) avec celle qui te préparait à chaque fois ce foutu gâteau à l'orange.
Et au bout de quelques années, ben tu préférerais échanger cette situation insensée dans laquelle on t'a plongée sans te demander ton avis contre une livraison express quotidienne de gâteau à l'orange avec caméra qui vérifie que tu le manges bien jusqu'au bout.
En fait je crois que j'aime bien ce aujourd'hui férié parce qu'il est la veille de demain.
Je déteste les jours fériés autant que les dimanches.
Y'a ce même truc bizarre dans ma gorge.
Un truc sec qui ne s'en va pas avant le lendemain matin.
Mais aujourd'hui je l'accepte ce truc sec.
Bon c'est pas non plus un bonheur de l'avoir, mais je fais avec.
Cette nuit j'ai rêvé du garçon dont j'étais folle amoureuse en CM2, en sixième et en cinquième.
Il était devant le lycée.
Il était onze heures.
J'avais pleuré pendant tout le cours d'espagnol.
Nadège m'avait dit de venir chez elle au moins une heure pour me changer les idées.
Laura m'avait dit qu'elle m'attendrait vers midi 10 pour aller manger une part de fondant au chocolat.
J'avais dit oui aux deux.
Et puis je tombais sur François à la sortie du lycée.
Je lui sautais dans les bras, on riait, on était tous les deux les mêmes qu'avant mais en différent.
Il me disait qu'il avait un homme.
Je lui disais que j'avais une femme.
Et en deux secondes de rêve, on devenait plus proche qu'on ne l'avait jamais été pendant toutes ces années de réalité.
Je me disais que s'il m'avait tant attendrie quand j'étais plus petite, c'était sûrement parce que j'avais perçu inconsciemment sa différence.
Et je me disais aussi que si je l'avais aussi peu intéressé à l'époque, c'était sûrement parce qu'il avait perçu inconsciemment ou pas sa différence et la mienne et que dans sa tête ça ne collait pas.
Mais j'envoie balader le brouillard et les nuées d'un geste de la main.
Ce n'était qu'un rêve.
Qu'est devenu François en vérité ?
Peu importe.
Et je souris en me revoyant.
D'ailleurs je ne revois qu'un gros coeur énorme et deux petites jambes qui courrent qui courrent à travers la cour de récréation.
J'ai toujours ce truc sec au fond de la gorge.
Même si je bois de l'eau ça ne s'en va pas.
Mais aujourd'hui je serais presque en paix avec moi-même.
Est-ce parce que la nuit n'était jusqu'alors pas encore tombée ?
Est-ce parce que le plat chaud de ce midi était fait de poulet et pas de veau ?
Ne riez pas, c'est une supposition comme une autre.
Le veau ça me dégoûte un peu, pas que ce soit mauvais, non non, mais parce qu'autour c'est gluant. Et surtout parce qu'il y a des os à moelle.
Satanés os à moelle.
La première fois que j'en ai mangé j'ai trouvé ça délicieux.
Et puis une nuit j'en ai cauchemardé.
Et depuis, rien que d'y penser ça me donne la nausée.
Beuuuh.
Enfin tous ces gros plats, ces trucs trop chauds, trop cuits, trop lourds, ça m'évoque le dimanche et les jours fériés et ce truc sec au fond de la gorge.
L'histoire de l'os à moelle me fait aussi penser à ce trop plein de gentillesse qu'ont parfois certaines personnes.
Tu dis une fois que tu adores le gâteau à l'orange.
Et durant le reste de ta vie, tu es condamnée à manger, à bouffer, à ingurgiter des tonnes et des tonnes de gâteau à l'orange.
Au début t'es super contente, MIAM, DU GÂTEAU À L'ORANGE QUE POUR MOI.
Et puis au bout de quelques années, le gâteau à l'orange, tu n'as qu'une envie : le jeter dans les toilettes et tirer la chasse à jamais, effaçant tous les autres gâteaux à l'orange à venir.
Tu voudrais que cette recette ne passe plus dans aucune main.
Tu voudrais brûler la page "La recette du délicieux gâteau à l'orange" de tous les livres de pâtisserie.
Et puis un jour ton père se fâche (certainement pour toujours) avec celle qui te préparait à chaque fois ce foutu gâteau à l'orange.
Et au bout de quelques années, ben tu préférerais échanger cette situation insensée dans laquelle on t'a plongée sans te demander ton avis contre une livraison express quotidienne de gâteau à l'orange avec caméra qui vérifie que tu le manges bien jusqu'au bout.
En fait je crois que j'aime bien ce aujourd'hui férié parce qu'il est la veille de demain.
Ecrit par mailliw, le Mercredi 1 Novembre 2006, 18:44 dans la rubrique Actualités.
Commentaires :
ulysseTi
Quand ça sera le lendemain du jour férié, ta copine sera là ;) donc haut les coeurs, ça va papoter longuement le soir et les mots vont s'envoler au-delà de toutes les lignes de coeur :D
Pour tes goûts, moi je dirai : heureusement qu'on a le droit d'évoluer et de ne pas rester cantonné à certains ! il faut apprendre aux autres à ne pas vous enfermer dans une case, même si ça les rassure eux. Il faut accepter la nuance entre se faire plaisir à soi alors qu'on croyait faire plaisir à l'autre...
Mais le sujet n'est pas là, et je verrai même bien une métaphore dans l'histoire de ton gâteau à l'orange : à chacun de la lire à l'aune de sa propre vie.
:)