Je n'aime pas ce dimanche.
En plus du truc sec habituel, là, j'ai vraiment mal à la gorge.

Et puis ces vacances à peine terminées sont si près qu'elles me semblent déjà trop loin.
Ben oui c'est fini.
Je suis retournée à Rouen.
Je ne reverrai pas Sylvaine avant de longs mois.
Inès est partie trop vite, trop tôt, et je ne me suis pas trouvée bien.
La liberté parisienne s'est vite échappée.
Et là les habitudes vont reprendre.
Se lever, manger, se laver, s'habiller, partir, attendre, espérer, apprendre, s'énerver, pleurer, s'émouvoir, avoir peur, avoir trop froid, avoir trop chaud, se retourner, rêver, se forcer, s'imaginer, être déçue, rentrer à reculons, devoir parler, devoir travailler, avoir envie, être frustrée, écouter, se taire, et finalement dormir.
Et recommencer.
Oui, je sais, c'est déjà ça, je les ai ces souvenirs.
Mais...
Mais comment continuer quand chaque jour on est un peu plus déçue ?
Comment communiquer avec les autres quand ils sortent tout le temps, quand ils ne vous préviennent jamais, ou ne cherchent pas à vous intégrer dans leur vie ?

Comment être crédible en menant une vie invisible ?

Je suis la pauvre fille. Celle qui attend. Celle qui ne sort pas, qui ne drague pas, qui ne fume pas, qui ne boit pas, qui ne danse pas, qui ne rit pas.

Celle qu'on oublie.

Celle qui n'est même pas drôle, même pas belle, et qui déchaîne pourtant les envieux.
Qu'ont-ils à m'envier ?

Je suis Pénélope. Pénélope qui attend son Ulysse.
Et qui vit sans vraiment vivre.

C'est moi qui ai choisi cette vie, moi qui l'assume.
Mais si seulement on cherchait un peu à me changer les idées.
Je n'intéresse les gens que si je me promène dans la rue avec une inconnue.
Soudain j'intéresse tout le monde.
Non.
En fait non, ce n'est pas moi qui les intéresse. C'est l'inconnue.

Pourquoi la tristesse me saute-t-elle toujours à la gorge quand il s'agit de reprendre les habitudes ?
Encore une période sombre qui s'annonce.
Mais j'espère que Pascal Obispo, Christine et Victoria Abril me redonneront le sourire.
Prochaine date, 22 novembre.

Je me tue pour les autres et bien sûr je n'ai rien en retour.
Même pas de la gratitude.
Non.
Juste de l'indifférence.