Midi 10
--> Avant j'avais une vie palpitante
Manon m'avait dit qu'elle mangeait avec moi ce midi.
Je la cherche.
Je la trouve.
Elle est avec Lisa et en est déjà à la moitié de son repas.
Pas grave.
Je retourne dans la cour et m'installe finalement sur un banc, découragée d'avance par la file interminable d'élèves qui attendent pour manger. Aucune envie de mal manger avec des frites, steack, paninis. Aucune envie de me mêler à la foule pour manger quelque chose qui empeste depuis le couloir. Alors je décide de me nourrir de savoir en parcourant mon livre de Philo. Pas que plus digeste mais peut-être un peu moins lourd sur mon estomac rétréci comme s'il était passé à la machine à laver.
De mon banc, j'aperçois JJJ dans la cantine, vêtu de sa plus belle chemise (ma préférée : la blanche avec des coquelicots), il me fait un sourire timide.
Puis je remarque une petite silhouette t-shirt blanc jogging, et reconnais d'un regard attendri ma sirène préférée.
Je me replonge dans "l'absolu/le relatif" quand Mme G. la surveillante, s'installe à côté de moi. Je referme définitivement mon livre et discute avec elle. Son boulot, ses vacances, les élèves, les collègues, les changements, les phrases qui font mal et qui restent pour toujours, le passé, les projets, la radio, le journal du lycée qui a définitivement coulé. Depuis que ma... ma... ma... ma... (elle est pendue à mes lèvres) ma... mademoiselle * est partie.
Je me confie à elle par petit bouts, comme cela m'était déjà arrivé, je lui raconte naturellement sans même y réfléchir combien je m'ennuie sur le temps du midi, que je passe mes journées à guetter l'attention des plus âgés que moi, que j'ai du mal oui oui du mal à établir des relations d'amitié durables (sauf exception bien sûr) avec des personnes de mon âge, que je ne me sens comprise que par des adultes et en l'occurence par des profs. Enfin bref.
Puis un collègue l'appelle, elle me laisse, je me lève, je tourne en rond, je pose mon sac, repars, reviens, allume mon téléphone, l'éteins, pense à Inès qu'est-ce qu'elle est en train de faire là ? pense à Elle à Elle à Elle à Elle... Et à ce moment là, mon sentiment est pire que de la tristesse. Parce que la tristesse rime avec douceur dans mon cerveau et je sais pourquoi. Mais la tristesse ne rime pas avec malaise ou désespoir ou gouffre noir.
Et là ce que je ressens c'est du malaise, du mal-être, j'me sens pas bien, dans mon corps mais ça c'est habituel, et dans ma tête je sais plus. Pas que j'aime pas mon corps. Bon c'est vrai, j'l'aime pas à la folie, mais je l'accepte, je le dessine, je l'apprivoise. Mais je ne me sens jamais bien, ou alors très rarement. Je ne parle pas de l'expression "mal dans sa peau" ou du mot "complexe" non non, rien à voir. Mais bien du corps, de tout ce qu'il y a là-dedans, en vrac : gorge, tubes, estomac, boyaux, et le reste. Enfin tous ces trucs là quoi.
Et ces trucs là je les sens moyen.
Est-ce parce que je n'ai pas mangé ?
À vrai dire depuis un mois je n'ai plus faim.
Tout d'un coup ce qui tournait limite à l'obsession en juillet parce que mon estomac criait famine toute la journée est devenu inexistant.
Alors je n'ai rien mangé ce midi mais mon estomac n'a rien hurlé pour autant.
Je sais c'est pas bien, je sais faut que je me nourrisse.
Mais j'attends lundi midi.
Lundi midi je mangerai bien, même si ce n'est qu'un ptit sandwich.
J'ai le mal de mère (et aussi le mal de père), j'ai eu la nausée tout l'été (envies de vomir à répétition, tout au long de l'été), et là ce qu'il me faut, c'est un bon déjeuner avec ma maman poule.
Je la cherche.
Je la trouve.
Elle est avec Lisa et en est déjà à la moitié de son repas.
Pas grave.
Je retourne dans la cour et m'installe finalement sur un banc, découragée d'avance par la file interminable d'élèves qui attendent pour manger. Aucune envie de mal manger avec des frites, steack, paninis. Aucune envie de me mêler à la foule pour manger quelque chose qui empeste depuis le couloir. Alors je décide de me nourrir de savoir en parcourant mon livre de Philo. Pas que plus digeste mais peut-être un peu moins lourd sur mon estomac rétréci comme s'il était passé à la machine à laver.
De mon banc, j'aperçois JJJ dans la cantine, vêtu de sa plus belle chemise (ma préférée : la blanche avec des coquelicots), il me fait un sourire timide.
Puis je remarque une petite silhouette t-shirt blanc jogging, et reconnais d'un regard attendri ma sirène préférée.
Je me replonge dans "l'absolu/le relatif" quand Mme G. la surveillante, s'installe à côté de moi. Je referme définitivement mon livre et discute avec elle. Son boulot, ses vacances, les élèves, les collègues, les changements, les phrases qui font mal et qui restent pour toujours, le passé, les projets, la radio, le journal du lycée qui a définitivement coulé. Depuis que ma... ma... ma... ma... (elle est pendue à mes lèvres) ma... mademoiselle * est partie.
Je me confie à elle par petit bouts, comme cela m'était déjà arrivé, je lui raconte naturellement sans même y réfléchir combien je m'ennuie sur le temps du midi, que je passe mes journées à guetter l'attention des plus âgés que moi, que j'ai du mal oui oui du mal à établir des relations d'amitié durables (sauf exception bien sûr) avec des personnes de mon âge, que je ne me sens comprise que par des adultes et en l'occurence par des profs. Enfin bref.
Puis un collègue l'appelle, elle me laisse, je me lève, je tourne en rond, je pose mon sac, repars, reviens, allume mon téléphone, l'éteins, pense à Inès qu'est-ce qu'elle est en train de faire là ? pense à Elle à Elle à Elle à Elle... Et à ce moment là, mon sentiment est pire que de la tristesse. Parce que la tristesse rime avec douceur dans mon cerveau et je sais pourquoi. Mais la tristesse ne rime pas avec malaise ou désespoir ou gouffre noir.
Et là ce que je ressens c'est du malaise, du mal-être, j'me sens pas bien, dans mon corps mais ça c'est habituel, et dans ma tête je sais plus. Pas que j'aime pas mon corps. Bon c'est vrai, j'l'aime pas à la folie, mais je l'accepte, je le dessine, je l'apprivoise. Mais je ne me sens jamais bien, ou alors très rarement. Je ne parle pas de l'expression "mal dans sa peau" ou du mot "complexe" non non, rien à voir. Mais bien du corps, de tout ce qu'il y a là-dedans, en vrac : gorge, tubes, estomac, boyaux, et le reste. Enfin tous ces trucs là quoi.
Et ces trucs là je les sens moyen.
Est-ce parce que je n'ai pas mangé ?
À vrai dire depuis un mois je n'ai plus faim.
Tout d'un coup ce qui tournait limite à l'obsession en juillet parce que mon estomac criait famine toute la journée est devenu inexistant.
Alors je n'ai rien mangé ce midi mais mon estomac n'a rien hurlé pour autant.
Je sais c'est pas bien, je sais faut que je me nourrisse.
Mais j'attends lundi midi.
Lundi midi je mangerai bien, même si ce n'est qu'un ptit sandwich.
J'ai le mal de mère (et aussi le mal de père), j'ai eu la nausée tout l'été (envies de vomir à répétition, tout au long de l'été), et là ce qu'il me faut, c'est un bon déjeuner avec ma maman poule.
Ecrit par mailliw, le Vendredi 8 Septembre 2006, 22:11 dans la rubrique Actualités.
Commentaires :
ulysseTi
BUEN PROVECHO !!!!
:D :D :D
car oui il faut te nourrir, de façon à ce que ton cerveau reste en forme et que tu puisses écrire tout ce qui est en toi, le beau, le moyen, le dur, le triste, le fou, le joyeux, le léger, le lourd, le tendre, le tout ce qui te fait être toi : une jolie plume qui sait si bien transcrire ce qui te touche :)
prends soin de toi, mais sans te forcer, veille néanmoins à te ménager car ton corps est aimé par "Elle" à qui tu penses si souvent, donc Elle ne souhaiterait pas te voir tomber d'inanition. Mais je te crois sensée, donc tu sauras ne pas tomber dans l'extrême...
Moi le voyageur rêveur je comprends la détresse qui se lit entre tes lignes, mais je sais y lire aussi l'amour merveilleux que tu portes en toi ; attention toutefois à ne pas te nourrir que d'amour et d'eau fraîche !! ;) ;)
savoure au moins un petit sourire :)
je suis content de te lire ici, c'est de plus en plus profond tes écrits, merci de nous les faire partager avec ta sensibilité si talentueuse.
Hasta luego !